Sarah CALS

Dans une époque où les émotions sont plus que jamais bousculées par les événements et leur médiatisation, le projet vise à explorer les différents traitements du ressort narratif que constitue la peur dans les Romans de Tristan en vers et en prose afin de déterminer comment cette émotion informe l’œuvre, quelles en sont les fonctions et que nous apprennent les représentations romanesques et iconographiques de la peur sur la société médiévale.

Partant d’un relevé lexical minutieux, l’étude du champ associatif de la peur posera l’assise de nos interprétations qui porteront dans un premier temps sur la construction du personnage, aussi bien masculin que féminin, ainsi que sur les changements inhérents à la quête du graal ; une poétique de la peur précisera ensuite ces deux premières parties, interrogeant le rapport de la stylistique à la structure de l’œuvre et à la représentation du monde arthurien ; et, c’est enfin dans une perspective plus large que nous envisagerons notre thématique par le prisme de la mise en prose, puis dans le rapport de l’écriture à l’enluminure.

À travers la confrontation du vers et de la prose, du texte à l’image, nous nous proposons d’étudier un sentiment chargé de valeurs et d’une idéologie. Nous tenterons d’élaborer des méthodes d’analyse à même de faciliter l’examen d’un ressort narratif indispensable et attendu, de son rôle et de ses fonctions. À l’image d’un élément d’une grammaire textuelle, la peur structure la diégèse et guide les développements de l’intrigue pour conférer à l’œuvre une part importante de sa portée idéologique. Par-delà la singularité de chaque texte, c’est la cohérence de l’expression et de la mise en œuvre de la peur dans le genre arthurien, et plus particulièrement au cœur du mythe tristanien, que nous nous proposons d’éclairer afin de mettre au jour une nouvelle perspective dans la recherche en littérature.